Cérémonies festives villageoises Yôssérè: le pouvoir est aux femmes pour une journée à Pala

La cérémonie des Yôssèrè s'est déroulée ce dimanche dans le village de Pala, arrondissement 5 de Bobo-Dioulasso. Cette manifestation  culturelle annuelle chez les bobos donne lieu à des réjouissances populaires et met surtout la femme au centre d'intérêt de toute la communauté.

Vue de l'extérieur il s'agit avant tout d'un jour de réjouissance. Une journée de la femme, une fête des mères. Elles entrent dans le village de retour de la brousse, avec des feuillages portés sur la tête ou au dos, comme on le fait habituellement pour un bébé. D'abord les plus jeunes, ensuite les femmes d'âges avancés et les vielles. Toute personne croisée en chemin dans le village, homme ou femme doit répondre à leur salutation par une sorte de danse à deux, avançant un pas après l'autre en prononçant certaines phrases qui tiennent lieux de bénédictions! Après avoir fait ainsi le tour de plusieurs concessions, elles se retrouvent sur la place du village pour une danse qui durera des heures et ne se disperseront qu'à la nuit tombée. Mais derrière cet aspect festif mis en exergue par des uniformes cousus pour la circonstance par ces dames et jeunes filles pour se faire belles, se cache un cérémonial qui n'a pas perdu de son sérieux. Avant l'entrée au village et la danse au son de rythme dansant, elles se sont dirigées en début d'après-midi hors du village, pour des cérémonies auxquelles n'assistent ni ne prennent pas part les hommes. Sauf le ou les anciens chargés de les accompagner (sans doute pour les sacrifices, une femme ne pouvant pas verser le sang d'un animal). Ainsi qu'un griot tam-tamier. Ces cérémonies hors du village dureront des heures. Elles entrent ensuite dans le village avec à leur tête de vielles femmes dont certaines battent le tambourin, et une vielle qui tient un objet particulier, avançant d'une démarche qui imite les gestes d'autorité masculine.

Le tout dans une ambiance festive, comme dans un théâtre. Mais il s'agit bien d'un temps fort, empreint de grand sérieux pour ces femmes et pour tout le village. C'est aussi l'occasion de faire un vœu annuel qu'il ne faut pas oublier de rembourser l'année suivante lorsqu'il sera exaucé. Que l'on soit une femme ou un homme! Pour la santé, pour la fortune, pour avoir des enfants, pour une bonne récolte...La danse du yossèrè draine beaucoup d'hommes et de femmes dans le village, et se manifeste par différents rythmes de plus en plus accélérés. Impossible pour une jeune dame bien portante de s'y dérober. Elle sera forcée d'entrée dans le kô, l'aire de danse pour une partie de cette danse forte rythmée, au cours de laquelle on martèle le sol de ses pieds. Une véritable démonstration de force physique car c'est aussi cela un des enjeux! Montrer à tous et sous les regards intéressés des jeunes gens qui cherchent épouses parmi les jeunes filles et le fier regard des époux, qu'on se porte bien physiquement....

René Moïse Bendêman

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